Pixerécourt

René-Charles Guilbert de Pixerécourt, né le à Nancy et mort le dans la même ville, est un auteur dramatique, directeur de théâtre, traducteur et bibliophile français.

Pixerécourt est le « père du mélodrame » : son premier grand succès, Cœlina ou l’enfant du mystère, constitue la matrice du genre. Auteur prolixe, il écrit 111 pièces (mélodrames, vaudevilles, comédies, tragédies, opéras-comiques) qui auraient été jouées en tout plus de trente mille fois.

Ses mélodrames se fondent sur un schéma narratif presque invariable, et sur des personnages stéréotypés. Une situation familiale paisible est troublée par l’arrivée d’un Traître dont les machinations mettent en péril l’ordre social, familial, voire naturel (les catastrophes naturelles, orages, tremblements de terre, éruptions volcaniques, abondent). C’est au Père, et à la Victime (jeune fille ou enfant) que le traître s’en prend en particulier. Tout paraît perdu, jusqu’à ce que le Héros désintéressé (souvent accompagné d’un personnage d’idiot, le Niais) ne vienne rétablir l’ordre et l’autorité légitime (le Père). Ce schéma narratif récurrent a souvent été lu comme une parabole de la Révolution française dont l’œuvre de Pixérécourt est quasi-contemporaine, parabole qui ferait du Père une figure transposée du roi de France.

Pixerécourt enchaîne les succès : L’Homme à trois visages (1801) compte 378 représentations à Paris, et 644 en province.

L’homme à trois visages, ou, Le proscrit: drame en trois actes, en prose, et à grand spectacle : représenté, pour la première fois, sur le théâtre de l’Ambigu-Comique, le 14 vendémiaire, an X / par R.-C. Guilbert-Pixerécourt. La scène est à Venise, dans le palais du doge, en l’an 1537.

Pixerécourt est un maître du suspense, de l’émotion, de la progression rigoureuse de l’intrigue. Puisant abondamment dans les romans à succès, français et étrangers, notamment allemands, il ajoute des situations dramatiques aux effets très puissants, avec tous les ressorts possibles du théâtre, sans jamais ni tomber dans le vulgaire ni contrarier la morale.

À partir des années 1830, son œuvre est éclipsée par le courant romantique qui triomphe sur les grandes scènes parisiennes. Ses mélodrames, qui tombent dans l’oubli, sont longtemps relégués au rang de curiosités historiques, et décriés pour leur style emphatique et leurs procédés rebattus. Néanmoins, depuis la fin du XXe siècle, la critique tend à réhabiliter Pixerécourt et à souligner son importance décisive dans l’évolution du théâtre français.

Source: Wikipedia